27/1/2021
Suffisamment bonneAuteur: Duc Legrand Je suis une peu fatiguée des réseaux sociaux, des publicités et de toute la société finalement. Je suis fatiguée de recevoir, tous les jours, des messages subtils, comme des missives. Des invitations à me dépasser, à être plus belle, plus femme, plus maquillée, plus naturelle, plus tout ce que je peux être, plus tout ce qu’on attend des femmes. Et c’est beaucoup. Et cette ritournelle de la femme qui trouve qu’on lui en demande beaucoup s’avère tellement généralisée, tellement actuelle, qu’elle en devient presque clichée.
Parce que des fois nos idées et notre corps ont des choses différentes à dire. Parce que des fois on a besoin d’une pause et de prendre le recul sur tout ce qui peut bouillonner dans nos esprits. On m’a posé une question un jour... Est-ce que tu es suffisamment bonne? Cette question, pas anodine, je crois bien qu’elle vient des travaux de Winnicott. Ce que ce psychanalyste entend par la notion de mère suffisamment bonne, c’est good enought mother ou plutôt, mère ordinaire normalement dévouée. L’idée est bonne, avouez! Donc, est-ce tu es suffisamment bonne? J’adore la question. D’abord, c’est une question fermée. C’est oui ou c’est non. Toujours faut-il bien comprendre la question. Suffisamment bonne pour qui? Selon quoi? Rapidement, je me suis dit que la mère suffisamment bonne était celle à mi-chemin entre la mère parfaite et la mère indigne. Deux mères-types que l’on croise souvent sur nos chers Internets. Mais, en fait non. Non. La vraie mère indigne, elle n’existe pas ou je me trompe? On verra parfois, dans les journaux, le récit tragique d’un enfant. On entendra des choses évidemment. Mais c’est tabou comme tout. La femme maltraitante ne fait pas vraiment bonne figure. Évidemment que non. Ça ne cadre pas dans le paysage de la société. La mère en dépression qui n’a pas l’énergie de nourrir ses enfants. Ça ne colle pas vraiment dans le scénario. Une femme, capable de violence? Juste la phrase nous donne les frissons. Cachez ces choses que je ne peux concevoir! Les femmes, les mères. Elles doivent tellement être tout ce qu’elles doivent être, qu’on ne veut même pas les imaginer, même pas les voir être réellement indignes. On rigole, on se dit indignes. Mais est-ce là une réelle moquerie? Elles existent les mères qui ne sont pas, en ce moment, suffisamment bonnes. Elles ont besoin d’aide. Je crois. De vérité. Alors, que se passe-t-il? Que se passe-t-il quand même une mère réellement suffisamment bonne se sent insuffisante. J’ai beau être lucide. J’ai beau prendre le pas de recul. Les invitations à être toujours meilleures, toujours plus suffisantes, sont partout. En élevant toujours et encore, la barre de la suffisance en tant que parent, l’écart se creuse-t-il? Que se passe-t-il? Que se passe-t-il quand une mère maltraitante a besoin d’aide pour retrousser sa chemise, pour reprendre ses sens, pour redevenir suffisamment bonne, pour espérer être aussi bonne que tout ce qui l’entoure? Que se passe-t-il quand les femmes qui ont besoin d’aide, qui ont la santé mentale au plus bas, ne livrent pas la performance demandée? Qu’elles commettent des gestes qu’on ne veut, qu'on ne peut pas concevoir? Qu’elles négligent ou qu’elles ne voient pas la lumière. Elles se cachent. Elles se cachent, car elles ne cadrent pas dans tous ces partages de familles dignes, suffisamment bonnes. La société est finalement, comme une publicité qui met en scène une femme au naturel, sans maquillage. On en voit beaucoup depuis quelques années. C’est tendance comme tout! La vérité, c’est qu’on nous vend la simplicité, le naturel… en ne maquillant pas une femme naturellement belle. Évidemment, on mettra quand même juste un peu de fard et de fond de teint. On se permettra peut-être d’ajouter de fausses taches de rousseurs. On jouera avec les éclairages et on fera quelque chose de très esthétique, dans les choix de vêtements, de décors. L’authenticité est vraiment tendance. La simplicité est super in. La vérité l’est un peu moins. Et quand on entend parler d'un de ces parents qui fait l'inconcevable, on se braque. On recule. On prend une distance. On se change les idées, on essaie d'oublier et on perd notre temps et un peu de vérité sur nos chers Internet... Auteure: Joanie Robichaud Il y a un peu plus d’an, je revenais m’installer en Gaspésie après 10 ans d’exil. J’ai d’ailleurs raconté mon cheminement personnel dans une série de textes sur ce blogue. Je suis revenue au cœur de la Baie-des-Chaleurs avec la volonté d’y élever mes enfants, me rapprocher de ma famille et contribuer au développement de ma région. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, mais je savais que ce serait de beaux défis. Ce n’est pas peu dire…
Depuis ma série de témoignages, quelques personnes m’ont approché pour me partager des bribes de leurs histoires, afin de souligner comment mes mots les avaient rejoints. C’est tellement un sentiment puissant que de rejoindre les gens grâce à des mots. Merci à celles qui ont eu le courage de m’écrire. J’avais envie de partager un récit de la suite des choses et c’est grâce à l’une de ces personnes que je me lance, elles qui m’ont interpellé afin de savoir si, au final, je regrettais ma décision. Le premier été Nous sommes arrivés au début de l’été, bercés par le chant des oiseaux tôt le matin et le doux ressac des vagues sur la baie. Nous avons envahi le sous-sol de mes parents, avec toutes nos boîtes et nos deux enfants, dont la plus jeune n’était âgée de quelques semaines. La cohabitation a été un plus grand succès que je l’imaginais. La preuve : je suis encore très proche de mes parents. J’avais peur que cette colocation forcée devienne trop lourde, autant pour nous, parents insomniaques, que pour eux, grands-parents chamboulés dans leur routine. Finalement, tout s’est fait en douceur et le fait d’avoir ma mère retraitée avec moi tous les jours a été le plus beau des cadeaux postpartum. L’été a été mouvementé, avec la supervision du chantier de construction de notre maison et l’arrivée du threenager. Entre les nuits trop courtes et les journées trop remplies, août est arrivé si rapidement que j’ai à peine eu le temps de comprendre que le congé de paternité de mon conjoint tirait à sa fin. Le premier automne Je voulais absolument fêter l’anniversaire de mon garçon dans notre nouvelle maison. Pas que je n’étais pas bien chez mes parents, mais j’avais besoin de me retrouver dans ma bulle familiale (si j’avais su…). Juste nous et mes enfants. Nous sommes donc emménagés dans notre maison – qui sentait encore le plâtre – juste à temps pour souffler ses trois bougies. Ce serait mentir de dire que l’automne s’est déroulé facilement. Ma mère est venue à la maison tous les jours, pour me permettre de souffler un peu, pour défaire des boîtes ou juste pour jouer avec les enfants. J’essayais de trouver mes repères, mais j’étais déboussolée. Comme un arbre qu’on vient de déraciner, je cherchais à m’ancrer dans le sol. Pas toujours facile lorsque le terrassement est rocailleux. Par chance, j’étais bien entourée. Pas juste avec ma mère. Avec mon père aussi, toujours disponible au besoin. Sans parler de ma sœur et de ma cousine qui venaient me voir pour jouer avec les enfants, afin de me permettre de préparer quelques repas. Et ma meilleure amie, que je textais tous les jours, juste pour raconter 1001 choses à propos de nos enfants et de nos quotidiens de maman à la maison. On peut dire que j’ai définitivement gagné à la loterie du meilleur entourage. Impossible de rester cloîtrée à la maison : je voulais découvrir mon nouvel environnement. La maison de la famille m’a accueilli à bras ouverts et j’ai pu y faire de belles rencontres. Je me suis aussi impliquée dans un comité citoyen, histoire de pouvoir contribuer dans la communauté. Malgré la fatigue, c’était pour fort que moi, j’avais besoin de me sentir utile. C’était surtout, aussi, une formidable manière de m’intégrer. Le premier hiver La neige a apporté une bonne nouvelle : je m’étais trouvé un emploi. Dans mon domaine d’expertise, mais aussi dans un milieu familier. Je pouvais maintenant me projeter un peu, imaginer les prochains mois. Mon congé de maternité avait désormais une date d’expiration. C’était à la fois rassurant et terrifiant. J’ai commencé à prendre un peu plus de temps pour réfléchir, pour planifier et pour ralentir. Je me suis même permis une sortie sans enfants, le temps d’un weekend. Dormir. Relaxer. En profiter avec une amie. Du temps, enfin. Je me suis habituée à gérer la marmaille seule dans mes nouveaux repères. J’ai appris que ma meilleure amie, celle qui caressait le même rêve que moi de revenir en Gaspésie, la même qui a semé cette petite graine dans ma tête de retour il y quelques années, revenait finalement. Après presque 15 ans à Québec, elle faisait le saut elle aussi. Le premier printemps C’était un vendredi 13 et l’avion de mon conjoint partait pour le Nord. La veille, j’avais eu une boule dans l’estomac une partie de la soirée parce que je ne voulais pas qu’il s’en aille. On pressentait ce qui s’en venait. Il était au beau milieu des airs lorsque le Québec a été mis sur pause. Confinés. Moi avec les enfants. Lui, avec ses collègues de travail. Dans l’ignorance et dans la peur. Incapables de savoir s’il pourrait non seulement revenir nous trouver. Sans parler de ce virus dont on ne savait rien. Le travail m’a appelé : je devais débuter dès que possible. Ils avaient besoin. La communication, en temps de crise, est essentielle. Je n’ai pas pu refuser. Être utile et informer les gens est au cœur de mes valeurs professionnelles. Je n’avais plus de garderie, j’étais confinée et je devais débuter un nouveau travail avec deux enfants en bas de 4 ans à la maison. Résignée, j’ai appelé celle qui est toujours là, comme un phare dans ma vie : ma mère. Elle est déménagée avec nous. Elle s’est occupée des enfants et de la maison pendant que je planifiais les renseignements qui devaient être transmis aux citoyens. J’ai entamé un marathon sans m’en rendre compte, alors que je suis plutôt du type sprinteuse. J’ai dû m’adapter pour ne pas perdre le souffle en cours de route, apprendre à faire attention à ma cadence et, surtout, apprendre à gérer les joies du télétravail avec des enfants à la maison. Comme le reste du Québec d’ailleurs. Le deuxième été La chaleur a apporté un peu de bonnes nouvelles, alors que la résilience est devenue le mot d’ordre de notre quotidien. Chaque jour, j’ai remercié la vie d’avoir pris la décision de revenir en Gaspésie. Parce qu’il faut être honnête, un confinement en Gaspésie, ce n’est vraiment pas comme en ville. À travers les incertitudes et les doutes, j’avais la liberté de pouvoir me promener en forêt avec mes enfants, d’aller faire de grandes marches sur la plage ou simplement de me promener dans la rue sans crainte d’être trop près des gens. L’espace était devenu un besoin vital. Ma meilleure amie est finalement arrivée et s’est installée, avec sa marmaille, chez ses parents, le temps d’atterrir. Comme moi l’été d’avant. Certes, le contexte ne nous a pas permis d’en profiter autant qu’on l’aurait souhaité, mais on sait que les prochaines années permettront de voir grandir nos enfants ensemble. Difficile d’imaginer un meilleur futur. Le renouveau Si l’arrivée de l’automne a fait trembler bien des certitudes personnelles, en même temps que le fameux virus reprenait des forces, elle a surtout marqué un saut professionnel important pour moi, alors que je travaille désormais à la valorisation de la région, à l’attraction de nouvelles personnes et à l’intégration des nouveaux arrivants en Gaspésie. Après toutes ces années à écrire des lettres d’amour à région natale, je contribue maintenant quotidiennement à son développement. Difficile de demander mieux. Je suis encore loin d’avoir atteint cet équilibre que je cherchais tant, mais je n’ai jamais été aussi près. Ni même aussi bien. Et tout ça parce que je suis revenue en Gaspésie. Impossible de regretter.
5/1/2021
Le gros mot...Auteure invitée: Nadya Lefebvre Cette semaine (ben, pour moi y’a plus de semaine… Y’a qu’une succession de jours me menant au retour au travail…), j’ai eu de l’inspiration pour écrire, donc peu importe le jour de la semaine, c’est aujourd’hui que je vous écris un petit quelque chose…
J’ai eu de l’inspiration en voyant une publication d’une amie… Elle nous faisait prendre conscience qu’un gros arbre, une grosse montagne et une grosse maison démontre qu’être gros n’est pas un défaut. On voudrait, pour la plupart, avoir un gros char, une grosse maison, une grosse fortune mais jamais un gros corps! Bon, vous me direz: oui mes les gros bras eux! Ouin, c’est peut-être une exception! On aime bien qualifier nos avoir par des mots comme gros pour quantifier notre réussite. On dira à un nouveau propriétaire: belle grosse maison que tu t’es acheté! On fera le compliment du beau gros bébé joufflu… On se paye de temps en temps un gros luxe… Alors pourquoi qu’une personne en surplus de poids est pointé du doigt et traité de gros de façon négative? Les mots ont un poids et on les choisi en fonction de bien des choses… Certains mots n’ont que très peu de poids… Même si je me « pète les bretelles » d’avoir un pouls au repos de 56, la plupart des gens n’en ont que faire de cette information. Si je me félicite de n’avoir aucun cholestérol, personne ne me donnera une tape dans le dos d’encouragement. Jamais je ne recevrai de certificat pour le nombre de portions de fruits et légumes que je mets dans mon assiette. Mais si on le peut, on me fera savoir que je n’ai pas un corps qui répond à la norme. Je suis grosse, et ça c’est mal vu, c’est un mauvais mot! Pourtant… Je peux comprendre que cela freine des gens… Ils ont le goût de se mettre en forme, ils ont le goût de se sentir bien mais voilà, quand ils tentent de le faire, ils sont parfois bien découragés des commentaires des autres, même si ces derniers semblent anodins. Dire à une personne qui ne bouge presque jamais et qui commence: ça va te faire du bien! c’est presque lui dire en pleine face qu’elle n’est pas en forme. Demander à une personne si elle a perdu du poids et quand elle répond par l’affirmative la féliciter et lui dire que ça lui va bien, c’est lui faire comprendre qu’avant, elle faisait dur… Vous me direz que je suis un peu dans les extrêmes mais je ne pense pas! Ce ne sont pas toutes les personnes qui sont ainsi mais en général, derrière une personnalité affirmé et fonceuse, se trouve aussi une personne insécure. Nous avons tous nos insécurités, quelles qu’elles soient! J’ai les miennes, vous avez les vôtres… Et les mots que l’on utilise ont souvent un poids bien plus important que celui que nous lui donnons… Je sais que j’en ai déjà parlé, mais avec un surplus de poids, aller dans une boutique de sport c’est comme une torture mentale: on ne te prend pas au sérieux, on ne te conseille que très peu et parfois même on ne te réponds même pas. Et j’imagine que ça peut être la même chose pour une personne très maigre… ou petite… ou très grande… On ne cesse de dire que l’on fait beaucoup d’avancement pour l’acceptation des corps mais j’en doute… Je trouve toujours drôle quand on annonce que cette personne X est un mannequin taille plus, alors qu’elle ne me semble que de la taille d’un humain normal! Bref, je m’égare mais les mots que l’on utilise ont souvent une portée plus grande que le sens premier auquel on pensait en le disant… Dire à quelqu’un de tasser son gros c** de là, c’est pas très poli j’en convient mais on comprend bien l’image. On n’entend jamais dire à quelqu’un de tasser son gros cerveau… pourtant, il y a des gens bien plus intelligents que moi dans ce monde… Je rêve du jour où le mot GROS ne servira plus pour décrire le corps humain.. où on s’habillera avec du linge trop grand ou trop petit ou à notre taille sans se soucier du chiffre ou du mot qui décrit la grandeur… où les gens se soucieront plus de notre personnalité que de notre physique… où les médecins ne jugeront plus les patients par leur poids mais par leurs résultats… où tout le monde aura de droit d’être en forme peu importe le corps qu’ils ont… où il sera plus facile d’accepter de ne pas avoir un corps à l’image que la société nous projette… Je suis une rêveuse, j’ai le droit d’avoir de GROS rêves!!! L’année 2020 nous a appris à ne rien tenir pour acquis et surtout à profiter du moment présent. Voici pourquoi la Gaspésie is the place to be.
1. Elle est un brin nostalgique La liberté de l’enfance, l’insouciance de l’adolescence, on y retournerait parfois. Qu’on soit originaire ou non, la Gaspésie est synonyme de plaisir et de souvenirs. Jouer dehors jusqu’à en avoir les pieds gelés pour rentrer manger une collation devant le poêle à bois. Revoir la parenté éloignée et les mêmes amis année après année, comme un synonyme de sécurité. La Gaspésie, c’est aussi des road trip sur un coup de tête, un kick de jeunesse rencontré sur le bord de la plage et ben des tounes massacrées en les criant à fond dans l’auto pour s’y rendre ou pour en revenir! Mais en revient-on vraiment? 2. Elle t’accueille à bras ouverts C’est sûr qu’avec la covid, elle t’accueille peut-être plus avec un high five à distance, mais ça ne veut pas dire qu’elle n’est pas contente que tu sois là pour autant. Au contraire, on a de la place en masse! L’accueil des Gaspésien.ne.s n’est pas légendaire pour rien. Été comme hiver, on y mange en roi et on t’invite comme si t’étais de la famille. À la bonne franquette, on te fait une place à la table et on te raconte nos plus belles histoires. Y’a des bonnes chances qu’on finisse ça autour du feu avec deux ou trois guitares. Une petite bière (gaspésienne!) avec ça? L’affaire, c’est que quand tu te fais recevoir aussi chaleureusement qu’ici, tu ne veux plus repartir. Ça tombe bien, on veut te garder! 3. Elle t’oblige à prendre le temps Quand ben même que tu voudrais rouler plus vite sur la 132, tu es trop concentré.e à regarder le soleil se coucher sur l’horizon. Ta définition du trafic, c’est quand tu ne peux pas repartir après avoir fait ton stop parce qu’il vient une voiture. C’est pas mêlant, ton niveau de stress n’est pas le même qu’ailleurs. Le son des vagues, ça replace l’esprit. C’est presque une thérapie! La mer, c’est puissant. Presque autant qu’une mère. On a quasiment l’impression de revenir au commencement. Profiter des petits plaisirs simples du quotidien, ça va de soi. En Gaspésie, la notion du temps prend une tout autre perspective. Ça ne veut pas dire qu’on s’ennuie, loin de là, mais on met les priorités aux bonnes places. 4. Elle a évolué tout en restant authentique La Gaspésie s’est transformée au fil des ans. Et de plus en plus de jeunes voient le potentiel qu’offre cet immense terrain de jeu. La région déborde d’entrepreneurs motivés à créer des produits et des expériences uniques. La Gaspésie, c’est surtout des gens qui ont pris leur destin en main, avec une volonté de se démarquer et de se renouveler. C’est un terreau fertile pour créer, innover. Mais même si elle a changé, la Gaspésie n’a pas perdu ce qui fait qu’on l’aime autant : son authenticité. Elle a conservé ses racines fortes et solides qui tiennent l’arbre en place. Elle a juste permis à de nouvelles feuilles de pousser. Et l’arbre n’a pas fini de grandir! 5. Elle t’offre l’essentiel Finir sa sortie de ski de fond dans un chalet entre amis, en bas de laine, à boire un petit café (comique!) devant le poêle à bois. Se faire un 5 à 7 sur le bord de la plage, finir ça avec un feu de grève et rentrer au travail le lendemain comme si de rien n’était. Ça, ce n’est pas extraordinaire en Gaspésie, c’est le quotidien. Aller patiner sur la baie, prendre une marche pour respirer l’air pur à pleins poumons. Écouter un film emmitouflé.e dans une grosse couverture. En mode slow toute. Juste du bon, du beau, du vrai. Ou tout simplement habiter dans une région qui fit avec tes valeurs. Vivre en Gaspésie, c’est choisir l’essentiel. Constate à quel point la Gaspésie est réconfortante juste ici : www.vivreengaspesie.com/gaspesiereconfortante
22/12/2020
Meilleurs aveuxAuteure: Marie-Ève Trudel-Vibert Salut,
Je n’allais pas te laisser filer, comme notre santé mentale collective, sans te saluer de vifs mots. T’adresser mes aveux. T’en es où, cher toi ? Tu te situes dans quel angle mort de la courbe à aplatir ? Es-tu encore sous le choc ? Ou en train de digérer la grosse pilule (puis les dizaines d’apparentées) ? Es-tu en phase d’assimilation ou encore de la foutue adaptation ? Prends ça cool, l’étape où l’on se réadapte, elle, n’est pas arrivée. Le vaccin s’est pointé en premier. Les psys sont débordés ; toi aussi. Entre le télétravail, la popote, les tâches ménagères, ton propre ménage, les kids qui ont faim, qui veulent jouer, et tout à coup cette envie d’être un chien qu’on sort promener après le souper pour faire ses besoins. Ton besoin à toi, c’est juste de prendre l’air. Croiser d’autres chiens. Lâcher un « wouf » muselé puis retrouver ta niche. Parce qu’il faut bien revenir. Toi aussi tu débordes, et pour ventiler, on t’offre un support téléphonique ou virtuel. Rien qui t’arrache à ta routine. Puis tu te dis que tant qu’à payer, y a des tutos-psychos-machins-trucs gratuits sur YouTube. Les coachs de « toute » n’ont jamais eu autant la cote. Ça me donne quasiment envie de reprendre la pratique. De réinventer le genre. Paroles en l’air ? D’aucuns le savent. De mon côté, pour suivre la vague, j’ai changé de router, de cam, j’ai formaté mon ordi, je me suis acheté de la mémoire pour mieux vivre numériquement. Depuis, j’existe devant 3 écrans (4 si je compte mon cell), et quand j’ai deux minutes de libres, j’époussette Windows. Mon environnement physique est devenu superflu. Sale. J’habite un bungalow aux arômes d’entrepôt. À l’âme esseulée. J’habite une maison à mon image ; celle d’une chandelle brûlée par les deux bouts ; l’amère impression de me gaspiller au profit d’une netteté virtuelle lorgnée que de visu. Plus que jamais, j’ai mal au tiers lieu. Mon imposante monture est crochie, ses verres, rayés. Ils ne laissent plus passer le moindre jour, comme habitués à cette lumière bleue, qui aveugle à la longue. Débilise aussi. En 2021, je devrai ajuster ma vue et quoi encore ? Quoi d’autre en moi aura perdu de son spectre, de son lustre ? La liste s’allonge. Les rides épongent. Je me croyais « branchée » pour une vieille branche de 37 automnes. La pandémie m’a fait réaliser que je ne l’étais pas tant que ça, privilégiant le contact humain, les rencontres professionnelles dans un café. Mais à l’heure des plateformes de communication en ligne, de ce set carré qui donne une fausse impression de proximité, je me referme. Au début, j’ai joué le jeu. C’était une solution de rechange. Passagère. Puis les mois se sont mis à mourir au calendrier, les gens aussi ; les collègues sont devenus de moins en moins motivés derrière leur écran. Fermant son et caméra. Disparaissant dans leur chambre ou leur bureau improvisé. S’effaçant pour mieux se conforter en mou ; utilisant leur cape d’invisibilité. Moi aussi, j’ai décroché. En diminuant mes présences, n’étant plus à même de gérer les absences. Reste que la charge de boulot, elle, n’a pas diminué. Ayant un TDA et un immense souci de performance, je ne suis pas satisfaite tant que je ne suis pas satisfaite. J’y mets donc plus de temps. Plus de temps d’écran. Ce sera ça, le principal enjeu des fêtes : tirer la plug. Décréter mon bureau en zone rouge. J’ai compris ça en milieu de semaine dernière. On était à la veille de passer à la trappe du lutin coquin qui donnait le « go » aux festivités confinées. Après un long déjeuner suivi d’une obstinade avec mon ado de 4 ans et demi sur les vêtements à enfiler en vitesse, je la conduis au CPE. À l’intersection principale, au centre-ville, je croise l’Orléans Express (no 6959) qui est sur son départ. Direction Rimouski. Elle m’a traversé cette envie de laisser ma Kia en rack, de monter dans le bus comme à l’époque, de plus en plus lointaine. Quand je prenais la route de l’université, et à l’inverse, celle du bercail. Une longue run, au wifi chancelant, mais je m’en foutais, je n’avais qu’un téléphone à flip. Je me souviens que je regardais la nature défiler, durant tout le trajet, sans m’écœurer. Le bus arrêtait souvent, des gens débarquaient, d’autres embarquaient, même chose pour les colis. On sortait prendre des puffs d’air, des puffs tout court. Le temps profitait de sa longueur. Je l’imitais. Sur cette sensation de manque, je rentre à la maison pour un meeting online. Je fais ce que j’ai à faire puis quand ça se termine, j’évalue le temps à ma disposition avant le prochain Zoom pour passer à l’épicerie. Je devrais m’en tirer en 30 minutes. Sur place, j’utilise une caisse libre-service. C’est rapide. Productif. On m’offre un écran, un scan et une narration féminine. Je sors de là aussi vite que possible. Je range les paquets dans la voiture, j’envoie mon panier valser avec les autres, m’aperçois que j’ai oublié de scanner ma canne de café. Honteuse, je ne rebrousse pas chemin pour autant, j’essaie d’assumer mon vol. Il mouille dans ma face et je m’autorise à pleurer dans la pluie. Une fois à l’abri, j’enlève couvre-visage et grosses lunettes, je me mouche bruyamment et m’essuie les yeux. Pour m’enlever cette toune de l’esprit, je syntonise un poste de radio en touchant mon écran tactile. Je revois mon vieux char et ma pile de CD dont je me suis séparé à la fin de l’été. Tout est écran, bout de viarge ! Je suis écran. Maintenant, je pleure dans l’habitacle. Peut-être que demain ça ira mieux, mais aujourd’hui, ma vie c’est… Oui, tu connais. Tout le monde connaît. Après mon second Zoom caféiné au parfum de crime, je prends un bain chaud. Avec mon cell. Pour faire le suivi de notifications, checker mes applis, répondre aux courriels. Me laver, par ailleurs. Car quitter l’écran principal ne me libère qu’en apparence. Mon téléphone me suit dans tous mes déplacements, je te jure, ma main droite est en train de s’y mouler. Je suis certaine qu’un jour, il existera une telle sculpture dans un musée, ou un modèle en cire avec cette notice : « voyez cette main du passé qui s’est faite dominer par un objet sans réelle importance de forme rectangulaire… ». Il me suit même sur le trône (je n’ai pas conservé mes vieux « Filles d’aujourd’hui », toi, oui ?), alors non, je n’expulse pas seule. De toute façon, si je ne suis pas connectée digitalement pendant cet acte si banal, j’entends « Mamannnnn » !!! C’est ça, être travailleuse autonome. C’est ça, avoir croqué la pomme. Milieu PM, je vais chercher ma fille à la Passe-Partout ; masquée, capuchonnée, je traîne mon cell pour patienter dans le froid avec d’autres parents — surtout des grands-parents —. Ce n’est pas comme si c’était simple d’initier des conversations avec des inconnus couverts jusqu’aux yeux, alors je me rabats sur mon cell et fais une publication éphémère. Désolant. De retour au bungalow, on ouvre les bacs de rangement qui contiennent les décos de Noël. Il doit y avoir 3 sacs de boules et autres ornements fabriqués à la main avec ma louve. Affectée, je réalise que cette année, on n’a rien fait. Que j’ai passé à côté. J’ai bien eu l’idée d’une guirlande en papier construction, mais on n’a jamais collé les languettes. Ce jour-là, j’ai craqué ; une première depuis septembre. J’ai l’habitude de purges régulières. C’est moins violent. Je laisse mes épaules retombées un peu, pas trop, j’imagine mes chakras. Le tableau me peine. Comme tout le monde. Ça m’attriste de constater qu’on ne cuisinera pas notre fameux cipâte le 24 au matin, pour le respirer et l’écouter mijoter dans son jus de volaille et ses épices mélangées en jouant au 150 et s’enfilant des slushs gin-canneberges. Que le soir venu, mes grands-parents ne se joindront pas à nous pour le réveillon, car elle sera intime, cette veillée. Que le brunch très « mimosaté » du 25, celui-là qui précède le déballage des cadeaux, est annulé tout comme la tournée paroissiale en après-midi. Que la glissade en clan du 26 enrobée de soupe aux légumes et de cafés Baileys n’aura pas lieu ! Je ne te parle pas du party des Trudel en soirée. La journée du 27, celle qui sert à vomir un peu, à partir une brassée, à défaire et rempaqueter les valises jusqu’au 2 janvier, celle-là aussi, passe dans le tordeur. Je roule des yeux à la vue de notre beau linge acheté pour les fêtes alors qu’on n’ira nulle part, aux rencontres virtuelles qu’il faudra planifier pour pallier nos déplacements. Ça me met en beau torpinouche pour ne pas crier tous les mots d’église. Mais par-dessus tout, je n’ai pas le goût de continuer à vivre sur le side. C’est pour ça que je ne giraferai pas, pour reprendre l’expression de Boucar. Parce que vivre sur le side, ça fait un temps déjà. Faisons du side le bon côté. Comment ? Ici, nous respecterons les consignes sanitaires. Et nous créerons des souvenirs. Cette année, ils seront nouveaux. Puis l’an prochain, ils se tailleront une place à travers les traditions. La situation que nous vivons nous révèle à nous-mêmes. Je ne sais pas pour toi, mais moi, je suis de nature rebelle. Je n’ai jamais vraiment été du genre à me soustraire à l’autorité. D’ailleurs, une amie me faisait remarquer récemment que mon pitch de présentation sous ma photo de profil FB se lit ainsi : « l’équilibrée rebelle » (hé là là !) Et curieusement, naît ce profond désir de me ranger, d’opiner du bonnet, pour mon bien et celui d’autrui. D’y trouver mon compte, bien entendu, inutile de se flageoler. Et je reconnais ma chance. Avec p’tit mari et louve, on s’est établi un solide menu du 22 au 02. On a aussi commencé une ébauche d’activités, comme apprendre les échecs (merci The Queen’s Gambit), jouer à la cachette dans le noir à l’aide d’une flashlight, épier les maisons illuminées, préparer la collation du père Noël et des rennes, marcher notre quartier pour recroiser nos voisins et reprendre les jasettes d’asphalte du genre : « ta fille a bien grandi ! ». Et faire tout cela en cohérence. Pour y arriver, on a ouvert la discussion. Exactement comme on l’a fait lors de la vague #moiaussi. S’arrêter. Se poser. Réfléchir. Ne pas simplement effleurer le sujet pour y consentir rapidement. Ainsi, j’ai pu verbaliser mon besoin viscéral de me sentir liée, tout en étant confinée. D’être réellement en communion avec les autres dans tout ce foutoir. Et pour que ça se réalise, je vivrai cette distanciation. Toi, quelle est ta position ? Au bout du monde, on n’est pas en prison, on a le décor, les couleurs, les saveurs et l’étendue d’un territoire à parcourir. Au bungalow, j’ai un noyau dur, de la bouffe de circonstance, des boires locaux, des abonnements pas plates. Cette année, je n’ai vécu aucun drame sinon le même que toi. Et pour finir, on vivra des fêtes similaires. Mais qui se ressemble ne se rassemble pas. Tu en dis quoi ? Je m’engage à honorer celles et ceux qui ont été et qui sont touchés par la pandémie. Celles et ceux qui ont perdu emploi, êtres chers, êtres aimés. La tête au passage. La vie, parce que c’est arrivé et que ça se poursuit. Je m’engage à t’honorer toi, cher ami. Je te salue de vifs maux. Tu commences à me connaître. Je manquais de jus et d’inspiration pour rédiger des vœux classiques. Alors j’ai pensé aux aveux. Dans mon cas, chroniques. Je t’en souhaite tout autant. Ça fait du bien de s’avouer. De pleurer aussi. Meilleurs aveux et merveilleuse nouvelle année. À tantôt ! |
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Novembre 2020
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