Auteure: Cinthia Labillois Les gens sont souvent étonnés, voire curieux de la vie que nous nous dessinons, un peu chaque jour, depuis bientôt 4 ans. Sans prétendre qu’il s’agisse d’un parcours linéaire, il faut assurément remonter à la base pour en comprendre les aboutissants.
Toute ma vie j’ai suivi un plan. Une définition bien marquée de ce que devrait être une vie réussie. Des études universitaires menant à un emploi gouvernemental donnant sur une maison en banlieue, où sont nées nos deux premières filles avec 13 mois d’écart. C’était, ce qu’on m’avait prédestiné à être et je remplissais le rôle à merveille. Ou presque. J’avais ce qu’on appel une To-Do-List chaque matin débutant à 5h et s’étendant jusqu’environ 22h; plus selon l’heure à laquelle je revenais du travail. Sur cette liste, il y avait tout. Tout ce que je ‘devais’ faire pour que ce plan fonctionne; même mon brossage de temps était minuté. Entre mon levé, la préparation du souper du soir (parce que prise dans le trafic je n’arrivais souvent que pour border les enfants), mon 30 minutes de yoga, le ménage et la routine des enfants, je ne suis pas certaine que je mesurais le temps de reprendre un souffle… puis on quittait pour la garderie à grand coup de « allez vite, dépêchez-vous on est déjà en retard… ». La belle petite vie rangée qui va vite vite vite. À vitesse grand V dans un mur de déceptions. Un matin, j’ai pris rendez-vous chez le médiateur. Je me séparais c’était ça ma solution. Alors que j’avais l’impression d’avoir mis le doigt sur ce qui ne marchait plus dans le plan prévu, l’annonce d’une 3e grossesse est venue faire éclater en morceaux mes grandes illusions. On a décidé que cette surprise-là serait un ultime test pour le bateau qui prenait l’eau. Mais il s’est passé quelque chose en moi à ce moment-là… j’ai décidé que le plan pis la To-Do-List c’étaient finis. Que j’allais me fier à mes ressentis. J’ai pris les mois suivants pour me reconstruire dans l’attente de cet enfant soleil. Après consultations, on m’a dit que j’étais surtout en épuisement, parental et/ou professionnel. J’étais en retrait préventif d’un emploi d’intervention en milieu familial à grands besoins, me retrouvant moi même vidée et complètement perdue. C’est par cette grossesse, j’en suis certaine, que j’ai pourtant repris le pouvoir de ma vie. Celui que j’avais naïvement laissé au détriment du plan. C’est à cette grossesse que j’ai compris que chaque décision se devait d’être prise après réflexion pour que tous mes choix, deviennent alignés avec qui je suis vraiment. Ainsi, j’ai pris rendez-vous pour un suivi avec une sage-femme. Dès la première rencontre, une chose était claire pour moi, je ne voulais accoucher nulle part ailleurs que chez moi, entourée de ceux qui me sont les plus précieux. Il faut dire que j’ai eu deux premiers accouchements plutôt médicalisés et que j’ai eu l’impression de me faire accoucher plutôt que d’accoucher moi-même de mes filles. J’ai donc fait le choix longuement réfléchi, que cette fois-ci serait différente et surtout, serait à l’image de ce que moi j’en voulais. On m’a beaucoup questionnée. Tenté de me faire remettre en question. Ce n’était jamais méchant, mais souvent guidé par la peur. Je me suis aussi promis de ne plus laisser la peur guider mes décisions. Au final, le soir du 1er septembre tout s’est enclenché. J’ai bordé mes filles autour de 19h30 en leur disant qu’au petit matin, elles rencontreraient leur petit frère ou petite soeur. Sachant que mon précédent accouchement s’était terminé en moins de 2h30, ma sage femme nous a rapidement rejoints. Tout le travail s’est fait dans ma salle de bain, entouré de mon chum qui m’accompagnait activement, soit par des pressions au dos ou en me rafraichissant avec de l’eau froide, et ma mère qui était d’un soutien précieux. Après de longues minutes pourtant, j’ai eu le feeling intérieur que mon bébé n’allait pas sortir. J’étais assise et j’étais surtout tellement connectée à ce qui se passait en moi, que je le savais. Avec aide, je me suis donc déplacée vers ma chambre pour m’allonger, mais sans avoir le temps de me rendre, ma fille est arrivée sur le cadre de porte. Les sages-femmes nous ont ensuite portés au lit, ont nettoyé la pièce (même fait le lavage!!), pesé le bébé et toutes les formalités d’usage et m’ont apporté un jus et une collation. J’ai pris une douche longue et chaude pendant que bébé rencontrait mamie et papa a ensuite réveillé les grandes soeurs pour qu’elles viennent découvrir ce beau cadeau de la vie. Je peux difficilement décrire le sentiment de se réveiller au petit matin collé à son nouveau-né, tout en accueillant ses autres enfants… se retrouver en famille dans le confort de sa maison, pouvant manger ce qui nous convient sans restrictions. J’ai évidemment récupéré plus vite que pour aucun autre de mes précédents accouchements, mais surtout, c’est en ce qui a trait à la connexion, la bulle entre moi et ma fille que tout a été décuplé. L’attachement a été immédiat et fort. J’avais enfin le sentiment de vivre pleinement ce moment, parce que je pouvais le rendre à l’image que je m’en faisais mentalement. Je peux même avancer que la cohésion familiale a été renforcée suite à cet accouchement… comme si chacun y avait participé à sa façon et qu’on était tous porteurs d’un lien qui nous unifiait. C’est pour moi difficile de mettre des mots justes sur des sentiments aussi intenses. Je crois qu’on ne peut que les vivre pour se les approprier. Quoi qu’il en soit, je suis nouvellement enceinte pour une 4e et dernière fois, et je repense à ces instants avec nostalgie et un brin d’excitation. Je débuterai un nouveau suivi sage femme ici, en Gaspésie. C’était avec soulagement que j’apprenais qu’un service voyait le jour récemment, et que de nouvelles sages femmes s’étaient jointes à l’équipe. Comme on dit, il n’y a pas de hasard dans la vie mais que des rendez-vous! J’ai déjà hâte de les rencontrer et de préparer pour une toute dernière fois, cette très grande rencontre de nos vies.
10/12/2019
Ce qui reste à la finAuteure: Cinthia Labillois « Ce qui reste à la fin, ce sont les mailles de petits bonheurs qui se sont tricotés au fil des années…» Depuis les dernières années, j’ai compris l’urgence de ralentir. L’importance de ressentir. J’ai laissé longtemps le chaos s’immiscer dans mon quotidien, spectatrice se convainquant de son impuissance. Puis un jour, après mille autres enchaînés à un rythme effréné, j’ai choisi d’arrêter. J’ai choisi ma famille. J’ai choisi de me tricoter un bonheur tissé serré. Puis les gestes les plus anodins ont pris un sens jamais soupçonné, les urgences se sont dissipées. J’ai découvert la puissance d’une intention donnée à chaque décision, chaque réflexion. Noël a toujours été pour moi un moment de traditions à perpétrer. Depuis la naissance de ma fille aînée, je me suis toujours fait la promesse de rendre ce moment sacré, comme pour moi il l’a toujours été. Je crois que pour moi, Noël a toujours signifié un moment où on oublie les déchirements et les familles divisées. Pour moi, c’était juste un moment pour s’aimer. Cette année, ce sera un Noël en Gaspésie qui sera célébré. Des places nouvellement vides à table nous feront assurément regretter les temps passés… ces années de complicité prenant fin dans un déchirement sans fin. Malgré toute la peine qui accompagnera Noël pour nous cette année, il nous aura ramenés là, exactement où nous devions retourner. Ce matin, nous sommes allés cuisiner, ensemble pour se réconforter. Tu avais ton habituel chignon lâche, quelques mèches retombant délicatement le long de ton front. Fidèle à ton habitude, tu n’étais pas trop préparée, angoissée par mon efficacité. On en a ri, comme les fois d’avant, et on a continué, en partageant ce moment. Les enfants allaient et venaient en nous offrant de l’aide, et volant un biscuit en passant, parce que t’sais... C’est ça des enfants!
Ta façon de fouiller ton vieux carnet rouge à la recherche d’une recette de ton passé. De te vouloir rassurante lorsqu’une recette semblait vouloir rater. D’avoir besoin de toute ta concentration lors des instructions, oubliant de répondre à une conversation. J’ai vu naître une tradition nouvelle. Un livret de cuisine à refaire d’année en année. Petit carnet précieux, qui un jour se fera le rappel, de milliers de moments qu’on ne veut pas oublier. Aujourd’hui j’ai intégré l’importance d’observer. De s’imprégner pour ne rien manquer. Pour remplir son réservoir à souvenirs, comme la fourmi qui se prépare pour l’hiver à venir. Aujourd’hui, je réalise aussi que les traditions peuvent faire autant de bien qu’elles peuvent vous rentrer dans le coeur, vous rappelant cruellement les absents. Pourtant, malgré la douleur sournoise qui s’invite sans l’avoir demandé, la transmission est un legs précieux qui vous interdit d’oublier. Qui vous permet un jour, lorsque vous êtes apaisé, de retrouver le bonheur à vous rappeler… et surtout, à toujours faire vivre en vous vos êtres aimés. Ce soir, après vous avoir bordées, je passe avec chacune un moment privilégié. Sur une musique douce, je sors l’huile qui nous enveloppe d’un calme sucré, et commence par le dos, et puis les pieds. Toujours dans le même ordre, puis viennent les mains, les yeux et la tête, s’en suit un doux baiser. Je vous chante bonne nuit en vous rappelant la force du lien qui nous uni. Un jour, dans pas tellement d’années, ce sera sans doute votre tour de bercer vos bébés vers le pays des rêves et j’espère, malgré le temps écoulé, que vous saurez vous rappeler des intentions et des sentiments accompagnant chacun de mes mouvements. |
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Novembre 2020
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