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LE BLOGUE

25/4/2018 Commentaires

La fin des sacrements

Photo
Auteure : Marie-Ève Trudel Vibert
Levons-nous pour accueillir le célébrant.
 
Bon, restez confortablement assis, je vous en prie, c’est juste une phrase qui passait en coup de vent dans ma tête, comme plusieurs autres. Mais celle-là a ceci de particulier qu’elle m’a inspiré un article. Plus que ça. Un cri. Ben oui… un autre. Je crie souvent dans ma vie.
 
Contexte : c’est le dimanche de Pâques dans la petite cuisine de la matriarche du clan Trudel-Leblanc. On s’y tient là, une poignée de cousins, cousines, oncles et tantes au lendemain d’un gros party à la salle communautaire où on officiait, au Fireball, les 80 printemps de mon grand-papa maternel et le 60e anniversaire de mariage du couple. Un brin fatigués et maganés de la veille, on s’empiffre des restants de petits pains fourrés. C’est là que…
 
-Pourquoi Louane n’est pas encore baptisée? 

[Si vous avez lu mon premier article sur ce blogue, Louane, c’est ma louve.]
 
Ma grand-mère adorée s’avance à un millimètre de mon visage et s’arrange pour que ses yeux, éducatifs et affectifs, rencontrent les miens, aimants et assumés. J’accuse quand même le coup, cinq secondes durant, recule un tantinet, avale ma gorgée de café, trouve un ton à la hauteur du moment.
 
« Pourquoi Louane n’est pas encore baptisée? »
 
Le « encore », c’est ma faute. L’an dernier, j’ai laissé planer un espoir, avançant qu’on allait remédier à la « situation », qu’on avait seulement manqué de temps.
 
Pour l’interro à question unique, faut comprendre que ma grand-maman assistait le matin même à un baptême qui avait été « très beau ». Faut comprendre également qu’elle est une croyante pratiquante qui a élevé sa famille dans la religion catholique pure et dure à une époque où le taux de fréquentation des Québécois à leur église était de 85 %. En 1980, il a dropé à 45 %, mais cette statistique ne s’est pas rendue au bout du monde. Par conséquent, j’ai été l’une de ses plus fidèles élèves.
 
Ceci explique cela : j’ai habité sous le toit de la matriarche, son mari et ses dix enfants les quatre premières années de ma vie, au milieu des années 80’. Le rêve! En plus de ma mère et de mon père, une dizaine de tontons et de tantines participaient activement à mon élevage, tout cela couronné par deux figures d’autorité semi-divines : Gracia et Léonard. Je faisais partie de la trâlée, on m’a donc nommée actrice de la grand-messe. Déménager à un coin de plage du cap de roches ne m’a pas éloignée de ce titre.
 
La messe…
 
J’y allais tous les samedis soirs (ce qui me faisait hebdomadairement rater le début du match de hockey) et/ou les dimanches matins, je l’écoutais à la télé, j’y assistais lors de fêtes religieuses (l’Épiphanie, la Chandeleur, le Mardi gras, le mercredi des Cendres, la Mi-Carême, l’Annonciation, les Rameaux — ma favorite! —, le Jeudi saint, le Vendredi saint, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint, la fête des Morts, Noël) et je courrais les célébrations « d’obtention » de sacrements d’autres chrétiens.
 
Mon agenda était bien rempli.
 
Mon âge se comptait en année liturgique.
 
Et ça ne me gênait pas. Ça allait de soi. C’était dans le temps où on acceptait d’emblée ce qui nous était proposé et où questionner sa foi était malvenu.
 
Curieuse, un peu suspicieuse, mais avant tout curieuse, mes grands-parents ont su à eux deux ouvrir la brèche, attiser cette curiosité qui ne demandait qu’à s’affoler. Ils m’ont traînée à l’église avec un petit « é », intégrée dans leur pratique, appris à être une bienveillante paroissienne. Ils étaient, et le sont toujours, hyper engagés au sein de leur « brigade ». Ils sont respectés de tous, piliers de leur église, mentors, VIP. Je vous le dis, ils avaient des cocardes plaquées or de super bénévoles. Me tenir à leurs côtés, ça signifiait d’être une bonne personne, en tout cas d’être en voie de le devenir.
 
À la grand-messe, ils m’ont initiée à tous les rôles; j’ai préféré celui de lectrice qui m’a permis d’exploiter mon petit côté show off et qui a nourri mon intérêt naissant pour la littérature. L’Assemblée aimait m’entendre lire. Faut dire que je me donnais en spectacle! Je ponctuais par l’émotion, je jazzais les paroles des apôtres. Ce n’est pas mêlant, j’interprétais à longueur d’année les fameux « Douze »! Certains pratiquants me confiaient que ça passait l’heure, que l’office était moins plate… Ce qui m’a mis la puce à l’oreille : c’est possible de s’ennuyer à la messe?
 
Intéressant!
 
Déclamer les évangiles m’a éclairée quant à mon degré de compréhension d’un texte et m’a aiguillée quant à l’articulation des sons, des idées. Aussi, je me plaisais à narrer d’A à Z les célébrations, valsant entre les parties de l’assistance et celles du prêtre. Hé oui, je parlais « par-dessus » le célébrant. Et j’y prenais un malin plaisir. Un vrai « Prions » sur deux pattes! Tout le monde savait qui j’étais : la petite-fille à Léonard et Gracia, et ça, c’était magique!
 
Le hic, c’est l’église avec un grand « É ».
 
Au travers mon éducation et mon instruction (dans le temps où c’était compatible), j’ai reçu comme plusieurs de mes amis cinq des sept sacrements : le baptême, l’eucharistie, la confirmation, le sacrement du pardon et le mariage.
 
Le mariage est venu boucler la boucle. J’ai épousé l’homme de ma vie et tous les deux, nous avons repensé notre foi, lui donnant des contours personnalisés, l’alliant avec notre foi propre, puis conjugale. Outre nos heures de discussion élastiques, ce sont des événements religieux qui nous ont encouragés à baliser le sentier de nos convictions.  
 
Par exemple, nous avons assisté à des cérémonies de mariage traditionnelles qui mettaient en scène des amoureux d’élevage catholique, non pratiquants. L’intention avouée de ces derniers était de faire plaisir à leurs parents, mais plus encore à leurs grands-parents. On nous y servait des chants anciens, des textes lourds, et la plupart des invités murmuraient des répliques et des prières approximatives.
 
J’ai trouvé ça triste.
 
Je ne m’exclus pas totalement de l’exemple, ayant moi-même consenti au mariage alors que ma foi originelle vacillait. Seulement, nous avons eu le privilège de rencontrer un curé de feu, ouvert d’esprit, très jasant, qui nous a aidés à cibler des lectures appropriées, qui a accepté que les deux seuls chants qui envahiraient la Cathédrale du Christ-Roi proviennent du répertoire de Cohen et de Coldplay. Du reste, nous avons modelé nos vœux à partir des paroles de Christiane Singer. On a contrôlé le moment pour célébrer notre dernier sacrement à notre image. Tant qu’à y être!
 
Pour ce qui est du sujet chaud — le baptême — faut dire que petit mari et moi sommes parrains et marraines; lui à deux reprises. Je me rappelle lorsque mon beau-frère et ma belle-sœur nous ont annoncé que nous étions les élus, j’ai braillé ma vie. J’étais tellement heureuse d’être « enfin » marraine. Mais pourquoi donc? Avec du recul, j’ai l’impression qu’on m’offrait un rôle important, préalable à celui de devenir maman, comme si je m’en approchais tout doucement. Ça m’a inspiré une posture quasi spirituelle : être marraine, c’est être une bonne personne. Comme quand j’étais petite, aux côtés de mes grands-parents. Pourtant, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Je vois mon filleul que très rarement, je ne communique pas souvent avec lui, je ne lui offre ni temps ni présence en quantité comme en qualité. Bien franchement, avoir une marraine comme moi n’est pas un « plus » dans la vie de cet enfant. Ce n’est pas toujours le titre qui fait le bon sous-titre. À ce chapitre, je devrais m’efforcer d’être une bonne tante, le reste viendra naturellement.
 
Que ce soit clair, je ne me montre pas cynique. Et je ne juge personne. Au contraire. Ma démarche, c’est au su et au ressenti de mes croyances; je construis cet article au fil de mes pensées qui dévalent et qui nourrissent mon envie de faire des choix et de les assumer. J’ai le sentiment d’être au terme de mon aventure avec ma religion, qui m’a bien servie. Quand on a décidé de ne pas faire baptiser notre enfant, on acceptait d’être les premiers de nos familles à franchir le pas. Pourquoi? Je reviens à la question de ma chère grand-mère.
 
« Pourquoi Louane n’est pas encore baptisée? »
 
Parce que nous avons accueilli comme il se doit, à deux, l’arrivée de notre fille en ce bas monde. Ce n’est peut-être pas la grande famille de Dieu, mais c’est notre cocon. Notre premier trio. Une toute nouvelle Trinité.
 
Parce qu’avec notre travail respectif, nos projets, nos diverses occupations, nous n’allions pas prioriser un week-end pour préparer ce sacrement et encore moins, plus tard, des soirées de catéchèse. Je préfère que ma louve joue au volley, au soccer, qu’elle dévore des livres, qu’elle court dans les rues du quartier. Je sais que l’un n’empêche pas l’autre, mais pour nous, l’idée même est castrante.
 
Parce qu’en m’introspectant, je n’arrive pas à affirmer hors de tout doute raisonnable que je crois en Dieu pis toute la patente. Je n’atteste pas le contraire non plus, mais ce doute m’occupe. M’appartient. J’aime me dire que si je sacre comme un charretier, c’est que j’y crois peut-être. Faut croire en quelqu’un ou quelque chose quand on ose l’injurier, non? Je sais aussi que je porte ma croix, et j’espère que ma fille aura les épaules moins endolories, plus athlétiques. Qu’elle se soutiendra elle-même. Pour l’histoire, si elle désire savoir, je l’accompagnerai. J’ai été à la meilleure école. Et elle aura l’heure juste; je sais être objective en matière de transfert.
 
J’ai vieilli, je me suis perfectionnée, et ma pratique aussi. J’aime la vie, je crois en elle. En moi. En les autres. En une force pas du tout supérieure. Intrinsèque peut-être. Ma foi s’est remanié après le départ d’êtres chers. Chaque fois qu’une personne que j’aime disparaît, je fais un méga travail de conservation, qui s’apparente au deuil, je capture leur âme, je les embaume pour m’apaiser, je les garde dans mon antre.
 
Je leur offre mon paradis.  
 
Notre échange a duré une quinzaine de minutes. Et comme dans tout échange, la fin ouvre sur une vérité :
 
-Tu n’es pas obligée de lui offrir tous les sacrements, mais au moins le baptême. Ça va y donner une chance…
-Une chance?
-Ben… on ne sait pas ce qui peut arriver dans vie…
-OK, tu veux dire dans le cas où elle meure…
-Oui…
 
Alors c’est de ça qu’il s’agit. Une fois devenue chrétienne, elle pourra non seulement vivre selon l’Esprit de Dieu, mais mourir du même sceau. Elle aura droit au paradis à la fin de ses jours, même si la fin est précoce. Une mort d’enfant, c’est l’abysse. Grand-maman veut que ma louve soit bénie d’entre les vivants. Que je la confie à son Église. Que je l’immerge au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Que je lui promette un rite de passage pour qu’elle ne soit pas seule de l’autre bord. Je ne peux pas être contre ça. Je ne le suis pas, je le jure.
 
Mais… J’en suis incapable.
 
Je prône le libre arbitre.
 
Ma foi m’emmène dans un lieu où je perçois qu’après ma mort, je visiterai le paradis de quelqu’un d’autre. En pensée furtive. Je ne crois pas que nous nous reverrons tels que nous nous sommes connus. Et je vis bien, convaincue de cela. Baptisée ou pas, Louane méritera le sort auquel elle croit. Parce que nous lui aurons insufflé dans chaque narine l’amour nécessaire, l’esprit de la Vie.
 
Cette foi, la mienne, n’est pas loin de celle de ma grand-mère. Elles se complètent.
 
Grand-maman, pardon pour l’offense, la déception, la peine.
 
Ah oui, et pardon de t’avoir fait manquer ta veillée pascale, alors qu’on s’enfilait des shooters de Fireball, le 31 mars dernier. Avoue qu’on a eu du fun!
 
Je t’entends me dire : « ah mon apôtre! »
 
Tu ne m’as pas créée, mais tu m’as faite grand-maman.
 
Tu m’as faite.  
 
Je t’aime!
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