Auteure: Joanie Robichaud Il y a un peu plus d’an, je revenais m’installer en Gaspésie après 10 ans d’exil. J’ai d’ailleurs raconté mon cheminement personnel dans une série de textes sur ce blogue. Je suis revenue au cœur de la Baie-des-Chaleurs avec la volonté d’y élever mes enfants, me rapprocher de ma famille et contribuer au développement de ma région. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, mais je savais que ce serait de beaux défis. Ce n’est pas peu dire…
Depuis ma série de témoignages, quelques personnes m’ont approché pour me partager des bribes de leurs histoires, afin de souligner comment mes mots les avaient rejoints. C’est tellement un sentiment puissant que de rejoindre les gens grâce à des mots. Merci à celles qui ont eu le courage de m’écrire. J’avais envie de partager un récit de la suite des choses et c’est grâce à l’une de ces personnes que je me lance, elles qui m’ont interpellé afin de savoir si, au final, je regrettais ma décision. Le premier été Nous sommes arrivés au début de l’été, bercés par le chant des oiseaux tôt le matin et le doux ressac des vagues sur la baie. Nous avons envahi le sous-sol de mes parents, avec toutes nos boîtes et nos deux enfants, dont la plus jeune n’était âgée de quelques semaines. La cohabitation a été un plus grand succès que je l’imaginais. La preuve : je suis encore très proche de mes parents. J’avais peur que cette colocation forcée devienne trop lourde, autant pour nous, parents insomniaques, que pour eux, grands-parents chamboulés dans leur routine. Finalement, tout s’est fait en douceur et le fait d’avoir ma mère retraitée avec moi tous les jours a été le plus beau des cadeaux postpartum. L’été a été mouvementé, avec la supervision du chantier de construction de notre maison et l’arrivée du threenager. Entre les nuits trop courtes et les journées trop remplies, août est arrivé si rapidement que j’ai à peine eu le temps de comprendre que le congé de paternité de mon conjoint tirait à sa fin. Le premier automne Je voulais absolument fêter l’anniversaire de mon garçon dans notre nouvelle maison. Pas que je n’étais pas bien chez mes parents, mais j’avais besoin de me retrouver dans ma bulle familiale (si j’avais su…). Juste nous et mes enfants. Nous sommes donc emménagés dans notre maison – qui sentait encore le plâtre – juste à temps pour souffler ses trois bougies. Ce serait mentir de dire que l’automne s’est déroulé facilement. Ma mère est venue à la maison tous les jours, pour me permettre de souffler un peu, pour défaire des boîtes ou juste pour jouer avec les enfants. J’essayais de trouver mes repères, mais j’étais déboussolée. Comme un arbre qu’on vient de déraciner, je cherchais à m’ancrer dans le sol. Pas toujours facile lorsque le terrassement est rocailleux. Par chance, j’étais bien entourée. Pas juste avec ma mère. Avec mon père aussi, toujours disponible au besoin. Sans parler de ma sœur et de ma cousine qui venaient me voir pour jouer avec les enfants, afin de me permettre de préparer quelques repas. Et ma meilleure amie, que je textais tous les jours, juste pour raconter 1001 choses à propos de nos enfants et de nos quotidiens de maman à la maison. On peut dire que j’ai définitivement gagné à la loterie du meilleur entourage. Impossible de rester cloîtrée à la maison : je voulais découvrir mon nouvel environnement. La maison de la famille m’a accueilli à bras ouverts et j’ai pu y faire de belles rencontres. Je me suis aussi impliquée dans un comité citoyen, histoire de pouvoir contribuer dans la communauté. Malgré la fatigue, c’était pour fort que moi, j’avais besoin de me sentir utile. C’était surtout, aussi, une formidable manière de m’intégrer. Le premier hiver La neige a apporté une bonne nouvelle : je m’étais trouvé un emploi. Dans mon domaine d’expertise, mais aussi dans un milieu familier. Je pouvais maintenant me projeter un peu, imaginer les prochains mois. Mon congé de maternité avait désormais une date d’expiration. C’était à la fois rassurant et terrifiant. J’ai commencé à prendre un peu plus de temps pour réfléchir, pour planifier et pour ralentir. Je me suis même permis une sortie sans enfants, le temps d’un weekend. Dormir. Relaxer. En profiter avec une amie. Du temps, enfin. Je me suis habituée à gérer la marmaille seule dans mes nouveaux repères. J’ai appris que ma meilleure amie, celle qui caressait le même rêve que moi de revenir en Gaspésie, la même qui a semé cette petite graine dans ma tête de retour il y quelques années, revenait finalement. Après presque 15 ans à Québec, elle faisait le saut elle aussi. Le premier printemps C’était un vendredi 13 et l’avion de mon conjoint partait pour le Nord. La veille, j’avais eu une boule dans l’estomac une partie de la soirée parce que je ne voulais pas qu’il s’en aille. On pressentait ce qui s’en venait. Il était au beau milieu des airs lorsque le Québec a été mis sur pause. Confinés. Moi avec les enfants. Lui, avec ses collègues de travail. Dans l’ignorance et dans la peur. Incapables de savoir s’il pourrait non seulement revenir nous trouver. Sans parler de ce virus dont on ne savait rien. Le travail m’a appelé : je devais débuter dès que possible. Ils avaient besoin. La communication, en temps de crise, est essentielle. Je n’ai pas pu refuser. Être utile et informer les gens est au cœur de mes valeurs professionnelles. Je n’avais plus de garderie, j’étais confinée et je devais débuter un nouveau travail avec deux enfants en bas de 4 ans à la maison. Résignée, j’ai appelé celle qui est toujours là, comme un phare dans ma vie : ma mère. Elle est déménagée avec nous. Elle s’est occupée des enfants et de la maison pendant que je planifiais les renseignements qui devaient être transmis aux citoyens. J’ai entamé un marathon sans m’en rendre compte, alors que je suis plutôt du type sprinteuse. J’ai dû m’adapter pour ne pas perdre le souffle en cours de route, apprendre à faire attention à ma cadence et, surtout, apprendre à gérer les joies du télétravail avec des enfants à la maison. Comme le reste du Québec d’ailleurs. Le deuxième été La chaleur a apporté un peu de bonnes nouvelles, alors que la résilience est devenue le mot d’ordre de notre quotidien. Chaque jour, j’ai remercié la vie d’avoir pris la décision de revenir en Gaspésie. Parce qu’il faut être honnête, un confinement en Gaspésie, ce n’est vraiment pas comme en ville. À travers les incertitudes et les doutes, j’avais la liberté de pouvoir me promener en forêt avec mes enfants, d’aller faire de grandes marches sur la plage ou simplement de me promener dans la rue sans crainte d’être trop près des gens. L’espace était devenu un besoin vital. Ma meilleure amie est finalement arrivée et s’est installée, avec sa marmaille, chez ses parents, le temps d’atterrir. Comme moi l’été d’avant. Certes, le contexte ne nous a pas permis d’en profiter autant qu’on l’aurait souhaité, mais on sait que les prochaines années permettront de voir grandir nos enfants ensemble. Difficile d’imaginer un meilleur futur. Le renouveau Si l’arrivée de l’automne a fait trembler bien des certitudes personnelles, en même temps que le fameux virus reprenait des forces, elle a surtout marqué un saut professionnel important pour moi, alors que je travaille désormais à la valorisation de la région, à l’attraction de nouvelles personnes et à l’intégration des nouveaux arrivants en Gaspésie. Après toutes ces années à écrire des lettres d’amour à région natale, je contribue maintenant quotidiennement à son développement. Difficile de demander mieux. Je suis encore loin d’avoir atteint cet équilibre que je cherchais tant, mais je n’ai jamais été aussi près. Ni même aussi bien. Et tout ça parce que je suis revenue en Gaspésie. Impossible de regretter. |
Archives
Juillet 2021
Catégories, par thèmes ou auteursTout Absence Acceptation De Soi Accouchement Accueillir L'autre Acheter Ou Vendre Activité Familiale Adolescence Adoption Alimentation Allaitement Amitié Amour Anecdote Anick Caissy Animaux De Compagnie Anne Marie Audet Anne-Marie Audet Annie Beaulieu Apprendre Artiste Auteure Invitée Auteure Invitée Auteur Invité Autisme Baptême BD Bénévolat Bénévolat Bénévolat Blogue Bonheur Budget Bulletin Carrière Catherine Berger Cause Césarienne Chien Choix De Vie Chronique Littéraire Cindy Gagné Cindy Gagné Cinthia Labillois Classement Claudine Bégin Collectivité Comportement Conciliation Confiance En Soi Confinement Congé Parental Couches Crise Du 2 Ans Cuisine Culture Décoration Décorations Extérieures Défi Défi Défis Défis Départ Deuil Développement Devoirs Discipline Distance Dominick Briand Don De Soi Duc Legrand École Écolo Économie Égoisme Emmanuelle Pronovost Émotions Empathie Enfance Enfant Différent Enseignant Entraînement Entreprendre Entretien Environnement Épicerie Erreur Esprit Sportif Éthique Être Une Femme Euthanasie Expériences Paranormales Expériences Paranormales Expressions Gaspésiennes Fabriquer... Fertilité Fêtes Gaspésie Gestion De Crise Gino Pierre Servant Gino-Pierre Servant Grands Parents Grands-parents Grossesse Halloween Héritage Heure Hiver Humour Hypersensibilité Implication Du Père Insémination Isolement Jardin Jean-François Tapp Jeux D'enfant Jeux De Société Joanie Robichaud Johannie Boucher Jouer Dehors Jugement Karine St Onge Kim Poirier Konmari Lait Lait Maternisé Langage Lecture Littératie Lysanne St-Onge Maladie Maman Et Travail Maman Invitée Maquillage Marie Claude Brière Marie-Claude Brière Marie-Claude Véziau Marie Ève Trudel Vibert Marie-Ève Trudel Vibert Marie Josée Charest Marie-Josée Charest Marie-Josée Charest Marie-Josée Charest Marilou Levasseur Maryève Charland Lallier Maryève Charland-Lallier Maude Faulkner Gendreau Méditation Ménage Mentir Minimalisme Mise En Forme Mobilisation Monoparentalité Mort Mouvement Nadia Pelletier Naissance Nettoyage Noël Nostalgie Nutrition Ode Orbie Outils Parcours Scolaire Parentalité Parentalité Pascale Landry Passe-partout Passion Patrice Michaud Place Aux Jeunes Plage Planification Plein Air Pré-adolescence Prendre Des Risques Printemps Produits écologiques Produits Gaspésiens Proximité Psychologie Punition Quotidien Randonnée Réalités Régionales Recette Réduire Sa Consommation Réflexion Région Région Région éloignée Relation Mère-fille Relation Père-fils Relations Amoureuses Religion Rentrée Scolaire Réseaux Sociaux Résolutions Retour En Région Revenir En Gaspésie Rituels Rôle De Mère Rôle De Papa Rôle De Parent Route Rupture Rythme De Vie Sage-femme Saison Santé Santé Santé Mentale Sarah Servant Séparation Se Retrouver Sexe Soloparentalité Sommeil Sortie Sortie En Famille Spécialiste Spécialiste Spécialiste Spectacle Sport TDA TDAH Technologies Temps Temps Pour Soi Théâtre Tire-allaitement Top 10 Tradition Traditions Trisomie 21 Trucs Et Conseils Tupperware Utilisation Des Réseaux Sociaux Vacances Valeurs Vanessa Cotton Vanessa Gagnon Vie De Famille Vie Numérique Vie Professionnelle Virginie Gagné Virus Vivre à L'extérieur Vivre En Région Vomissement Yohan Lavoie |